Un pépin : confinement à la pomme

Confiné… COVID19…

Une pensée pour tous ceux qui aujourd’hui assurent la logistique à l’arrière pour reprendre une métaphore militaire; on mange toujours, on communique toujours. Et un immense merci à tous ceux qui sont au front, le personnel médical en premier lieu. Et enfin une pensée pour ceux fauchés par ce truc et leur famille, personne n’étant à l’abri.

Je ne paraphraserai pas Laurent Joffrin qui a très bien résumé la situation « intellectuelle » en cette période propice à alimenter toutes les certitudes : les « déclinologues » voient leur théorie confortée; les partisans d’un interventionnisme d’état voient dans la situation la preuve de la pertinence de leur point de vue … etc etc et Dieu nous envoie une épreuve …

Personnellement, je n’en sais rien et les certitudes, de celles pour lesquelles on tuerait ceux qui ne les partagent pas, métaphoriquement ou vraiment, m’ont toujours révulsé.

Alors, je resterai léger en apparence et geek de surcroît, c’est à dire tout à fait futile.

Apple continue de sortir de nouveaux produits occupant sa part de l’espace médiatique geek. Télétravail oblige, les ventes de PC ont explosé les trois premières semaines de mars en Europe Occidentale (+38% selon Le Monde Informatique par rapport à la même période de 2019).

Dans ce contexte, youtubers et sites multiplient les « benchs » : le dernier iPad Pro 2020 par exemple: est-il plus … ou moins… ceci ou cela. Son processeur est-il plus gros, plus fort ? Une rhétorique de cour de récréation quand les jeunes garçons comparent… vous voyez ce que je veux dire.

Deux milliards d’êtres humains, au bas mot, sont confinés et il faut bien les occuper. Pourtant en janvier 2007 un certain Jobs présentait le premier iPhone : souvenez-vous, sur le papier, la spécification technique de l’appareil frôlait le ridicule comparé à un P990i de Sony-Ericsson ou au HTC Universal (paléontologie geek)… qui l’avait beaucoup plus grosse que l’appareil de ce bon vieux Steve. Je m’égare.

Qui se souvient de ces appareils d’un autre temps ? Le succès de l’iPhone – et là résidait à mes yeux le génie de Jobs – est venu de l’usage autrement dit de la réponse simple à cette question en apparence simple : ça sert à quoi ? Pour quoi faire ?

Or, c’est la même question que le confinement instille. A quoi sert ce que je fais, ce que j’utilise; mon travail, mes relations, ce que je crois, ce que je pense, ce que j’écris là, maintenant… servir est un mot banal, insignifiant évidemment. Comment comparer la Vie et un bout de silicium et de verre. Mais la mécanique, celle du toujours plus fort, plus loin, plus riche, plus puissant, est la même : c’est bien à l’usage ou plus loin à son désoeuvrement même comme le suggérerait Agamben que nous sommes poussés à réfléchir, à repenser. Non seulement à abolir la surenchère mais l’enchère même.

L’exemple geek que j’ai choisi est à mes yeux une simple illustration futile de cette obsession du toujours plus qui ne repose au fond sur aucun besoin vraiment avéré, obsession qui traverse beaucoup de nos usages et de nos modes de pensées, jusqu’à nos diners au restaurant d’avant confinement mesurés à l’aune des like ou des posts TripAdvisor.

Comme chante Souchon : la vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie. Et c’est tout ! Le reste …