Une certaine tablette …

De façon générale, je reste assez attiré par « les gadgets » électroniques peut-être parce qu’ils cristallisent aujourd’hui l’esprit d’un instant, l’air du temps.

Il y a deux ans j’évoquais l’eePC d’Asus et le MacBook Air d’Apple. Difficile d’ignorer aujourd’hui l’iPad.

C’est précisément ce point qui m’étonne et m’inquiète. Car le battage médiatique dépasse l’imagination. Pas un organisme de presse qui n’ait fait, sinon sa une, au moins un gros titre sur ce sujet pourtant d’une absolue futilité.

Je ne crois pas qu’il s’agisse seulement d’un effet du génie marketing de Steve Jobs; la couverture est bien trop vaste du New-York-Times à Libération en passant par Le Monde sans oublier la presse spécialisée. Tout a été écrit alors même que l’objet n’a été manipulé que par cinq cents personnes tout au plus.

Cette unanimisme à traiter d’un tel sujet pourrait sembler trahir la fébrilité d’une presse écrite aux abois qui paniquerait à l’idée d’un Waterloo de l’écrit comparable à celui dont l’industrie du disque est prétendument la victime. Ce pourrait être ça, en effet. J’avoue que le sort des majors m’indiffère. Celui de la presse, moins, car son pluralisme est une garantie, en principe, de la démocratie. Or que penser de ce pluralisme quand presque tout le monde traite uniformément du même sujet, avec pour ligne de mire de possibles et juteux revenus ? Le battage autour de l’iPad n’est-il pas un miroir qui révèle l’ampleur du mal qui ronge une certaine presse: la pensée unique, l’absence de recul, l’appât du gain ? Cette même presse n’a-t-elle pas choisi inconsciemment un messie qui serait son fossoyeur, bouc-émissaire auto-proclamé de ses errances ?

L’iPad attire comme la lumière le papillon, ou le Diable, le possédé. Il substitue l’outil qu’il est, au fond dont il est censé préserver la diffusion.

L’iPad ou le triomphe du superficiel, symptôme possible d’une future catastrophe démocratique ?

L’iPad gadget innocent et ludique ?

Sans doute tout cela, en fonction de ce que le citoyen en fera : l’éducation – penser par soi-même – est plus que jamais un devoir.

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