Laon terne : bis

Il y a quelque temps j’avais commis ici même un post bref et peu flatteur concernant une thèse consacrée à la sculpture de la cathédrale de Laon (La sculpture de la façade de Laon. Eschatologie et humanisme d’Iliana Kasarska paru chez Picard en 2008)

Yves Christe, spécialiste éminent, a publié il y a peu un résumé très élogieux du même ouvrage (Bulletin Monumental Tome 168-1 2010 pages 116-117)

Plus jeune sans doute, ou pris dans quelque coterie qui m’engagerait, j’eusse sans aucun doute battu en retraite, et reconnu à l’ouvrage de I Kasarska, des mérites que j’aurais falotement découverts après une relecture plus attentive. Mais que nenni et au diable les hypocrisies.

D’avis, on l’aura compris, je ne changerai point quitte à passer pour un imbécile ce dont je me moque. D’ailleurs je suis d’accord avec M Christe sur les défauts qu’il épingle : véniels pour lui, ils sont rédhibitoires pour moi.

Ainsi, comme le souligne Y Christe, l’ouvrage commence par une longue analyse iconographique. N’est-ce pas du reste la promesse du titre, eschatologie et humanisme ? Tout le chapitre cherche à établir la forte implication du prestigieux milieu intellectuel laonnois à l’élaboration du programme de la façade. Et l’auteur n’hésite pas à convoquer les morts (certains, récemment votaient encore, me suis-je laissé dire) : Hugues de Saint Victor résolument disparu dès 1144 ou Gautier de Mortagne, passé ad patres en 1174 date la plus ancienne envisageable pour le commencement des travaux de la façade (et encore, en étant large et en ne procédant à aucune analyse critique du travail d’Alain Saint-Denis autre défaut majeur du livre, qui suit un peu trop). Quatre-vingts pages pour établir une thèse dénuée de tout début de preuve matérielle , textuelle,… :  certes I Kasarska cède à une vieille lune très française consistant à sur-intellectualiser tout et n’importe quoi : les cathédrales somme théologique et le Parthénon reflet de la pensée de Socrate ? Dommage que la chronologie colle mal ! Que valent tant de pages pour établir ce qui de toute évidence est une illusion ? Doit on admirer les raisonnements qui établissent à coup sûr la platitude terrestre ou démontrent que de toute éternité le soleil tourne et tournera autour de la Terre, quand bien même serait-on subjugué par tant d’astuces et de laborieux efforts ?

Je suis déjà bien péniblement insistant et je romps là. J’ajouterai simplement que, quand Y Christe évoque le dernier chapitre en le qualifiant « d’un peu faible », j’acquiesce, même s’il y a de l’euphémisme dans l’expression. Le livre tout entier est faible. N’en parlons plus. Définitivement.

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