Le musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et le palais de Tokyo se sont associés pour présenter conjointement l’exposition Dynasty : quarante jeunes artistes de la scéne française se sont vus offerts ces lieux pour présenter en échos dans l’un et l’autre, quelques unes de leur oeuvres.
Quarante artistes et déjà une telle ambition parait suspecte; imaginer une présentation de quarante artistes autour de 1910 ou de 1510 … les oeuvres les plus audacieuses côtoyant les plus conservatrices dans un contexte très différent, déjà affranchi des mécènes ou dépendant exclusivement des commandes… Au mieux de telles expositions ne peuvent que tenter de saisir l’air d’un temps; elles ne pourront jamais prétendre mettre en valeur l’oeuvre particulière d’une personnalité… sauf s’il s’agit de Picasso ou Matisse, de Michel-Ange ou Raphael.
Dynasty ne me semble pas montrer d’artiste de ce niveau et il s’en faut de beaucoup. En fait, je m’ennuie ferme dans cette juxtaposition d’oeuvres dont aucune n’a vraiment retenu mon attention, sauf peut-être pour leur humour un peu glaçant les scluptures de poussières de Yuhsin U. Chang. Pour le reste l’air du temps que l’on respire ici ne m’inspire rien : référence très mode aux sciences dures, expériences ou théories; citation plus mode encore de Lacan ou quelqu’autres philosophes, psychanalystes; exploitation virtuose et finalement vaine de la violence urbaine; jeunisme nombriliste; bref un univers en contemplation de lui même, autocentré et égotiste, très français en somme, abandonné par l’humour, la grâce et l’inspiration. Tout cela est au fond plus terrifiant qu’intrigant, hélas.
En même temps quelque part en banlieue – Noisy le Sec – Jason Dodge expose Above the Weather, ses « couvertures » « couleur de la nuit »; installe ses tuyaux d’eau et ses fils électriques dans un espace virtuellement submersible et submergé… et la poésie, enfin, s’impose.
