Team 10 et l’atelier de Montrouge à la Cité de l’architecture

Me voilà embarrassé pour écrire ces lignes sur les deux expositions temporaires qui se tiennent à la Cité de l’architecture et du Patrimoine, à Chaillot en ce moment.

L’une complète l’autre… ou l’annule.
Team 10 est un « groupe international et informel d’architectes qui émergea des Congrès internationaux d’architecture moderne (Ciam) dans les années 1950. Leurs analyses – dessins, publications, enseignements – ont suscité un profond renouvellement de la pensée moderne sur l’architecture et la ville« , pour reprendre le résumé proposé sur le site.

L’atelier de Montrouge, quant à lui, a été un « atelier associatif au sein duquel une équipe de quatre architectes, puis trois à partir de 1968, a produit un travail innovant sur la ville pendant deux décennies, des années 1960 à 1980« . Nous voilà informés.

Atelier de Montrouge

 

Je ne m’étendrai pas sur l’ingratitude de telles expositions. Ceux qui sont allergiques à la présentation de plans, coupes, élévations ou maquettes s’y ennuieront ferme, c’est à craindre.

Pourtant, on peut y trouver une certaine drôlerie : ne doit on pas voir dans les pratiques de l’atelier de Montrouge une condamnation, même modeste et feutrée, de celles de Team 10 ?

Chaque exposition est illustrée par des films et des interviews des architectes. Et objectivement, l’effarement gagne à l’écoute de certains propos qui, s’ils n’étaient tenus par des artistes, pourraient prêter à confusion : que de promesses de vies épanouies et meilleures, de développement familial harmonieux et que de soin apporté à l’intégration dans la nature ! Le peuple est heureux…

Six dessins de l’exposition Team 10 m’ont frappé, qui illustrent la vie moderne si merveilleuse dans ces belles réalisations : madame regarde la télé souplement étendue dans son lit; madame s’exerce à la machine à coudre devant son rejeton fasciné par un circuit de voitures électriques; madame se bronze le dos, nue, sur un balcon-terrasse qui lui assure la juste discrétion et monsieur sirote un verre. La messe est dite : consommation débridée, sauvage et anesthésiante. Alors les théories sur l’épanouissement des femmes en HLM …

Tout cela est délicieusement désuet et terriblement actuel; on prendrait peur. Mais c’est néanmoins une grande leçon d’histoire, qui permet de redécouvrir certaines réalisations remarquables – au moins de l’atelier de Montrouge.

J’ai fini mon parcours deux étages plus haut: faire de l’architecture sans se gonfler d’utopie, sans penser au « peuple » mais à l’usager, à la fonction, aux formes, aux couleurs semble  possible aujourd’hui…. Ouf, me voilà – presque – rassuré;  pour l’instant;  car qui sait si dans trente ans ..

 

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