Sciences et curiosités à la cour de Versailles : éblouissant

L’exposition Sciences et curiosités à la cour de Versailles n’est pas à priori destinée à attirer un public abondant. Les foules vont voir Monet, sujet plus accessible et consensuel a priori… et c’est bien dommage.

Je le dirai d’emblée, cette exposition est remarquable notamment pour le travail de vulgarisation et de pédagogie autour d’un sujet a priori ardu et pourtant rendu accessible. Je salue donc Béatrice Saule et Catherine Arminjon pour ce remarquable travail.

Car en effet le plaisir est immense au point qu’au sortir de l’exposition on se précipiterait pour tout revoir… aucune lassitude ni ennui tant le sujet est varié riche et bien présenté.

Tout commence par le rhinocéros de louis XV, premier mammifère naturalisé de cette taille. La bête impressionne autant que l’exploit du taxidermiste.

L’exposition débute vraiment en haut de l’escalier qui mène aux salles des croisades qui accueillent l’exposition; une présentation multi média spectaculaire montre les lieux où la science, ou plutôt les sciences et les curiosités ont pris leurs quartiers à Versailles. Bien sûr les techniques et les inventions utilisées pour l’élaboration du  domaine lui même sont largement présentées : lunettes d’optique pour la mesure et le nivellement des terrains ; techniques hydrauliques pour l’assainissement des étangs et marais et pour la réalisation et l’accomplissement des jeux d’eau notamment des pompes et, en particulier, la fameuse et spectaculaire machine de Marly  ou l’adduction d’eau de l’Eure dont l’immense et inachevé aqueduc de Maintenon; les techniques horticoles perfectionnées au potager du roi, d’abord, puis par Buffon dans les fameuses serres de Trianon…

La zoologie est aussi bien représentée par les dissections des animaux exotiques des ménageries et l’acclimatation d’espèces comme le mouton mérinos…

Outils, instruments de mesure, appareils et matériels d’expériences montrent que les sciences étaient au moins une curiosité à Versailles et parfois une passion. L’exposition nous rappelle que si Louis XIV ne pratiqua jamais les arts mécaniques et ne possédait pas de bases scientifiques, ses successeurs en revanche étaient de vrais connaisseurs quand bien même leur rang leur interdisait une pratique trop visible. Chacun eut son cabinet des sciences. Versailles d’ailleurs abritait de nombreuses bibliothèques dont plusieurs étaient bien pourvues en livres scientifiques. Les expériences amusaient la cour, certes comme la démonstration des manifestations de l’électricité faites dans la galerie des Glaces en 1746, mais donnaient aux sciences une certaine audience auprès d’une élite qui avait les moyens financiers et politiques d’en favoriser le développement.

Mais les pièces qui surprennent et fascinent le plus, sont celles qui témoignent de la fusion de l’art et de la science, qu’il s’agisse des esquisses des décors du grand appartement où l’on veille à présenter les satellites des planètes qui servent de thème à chaque salon. Le nombre des putti entourant Saturne, pour le selon éponyme jamais réalisé, est bien le reflet de la science astronomique la plus récente ; Ou qu’il s’agisse de certains instruments, dont par exemple la merveilleuse pendule due à Passemant pour le mouvement et Philippe Caffieri pour le coffre, chef d’oeuvre de technologie et de style absolument éblouissant et d’ailleurs célèbre entre tous.

A Versailles, on mesure que la science fut, un temps, assez sérieusement considérée par ceux-là même qui avaient charge de l’état , tout en restant divertissement . Elle fut alors source de délectation intellectuelle et esthétique.

Stimulant et remarquable.

Laisser un commentaire