Le Champ de Bataille ou le kitsh flamboyant

Le château du Champ de Bataille est la propriété médiatisée de Jacques Garcia, décorateur à la mode, qui a entrepris de lui redonner sa splendeur d’antan.
Je ne parlerai que des jardins, m’étant abstenu de visiter les intérieurs pour cause de tarif … royal !

La genèse du projet part de la restitution du jardin sur la base d’un croquis évidemment supposé de la main de LeNotre. Cet homme a dessiné tant de parterres, de jardins, que sa vie, pourtant fort longue, pourrait ne pas avoir suffi… Il serait temps de tordre le cou à de telles sottises qui dès qu’apparaît un dessin ancien de broderies, lui colle la signature du jardinier du roi. Toute la partie proche du château serait donc une restitution d’un projet ruiné de l’illustre maitre des jardins à la française : les incontournables broderies, terrasses et bassins. Soit, mais pas très significatif. Le cœur du projet se veut une création contemporaine inspirée de l’antique sur les bases générales laissées par LeNotre – admettons.

Je dois dire que les moyens conséquents de J Garcia et l’absence de retenue du jardinier, autorisent toutes les fantaisies mais je passerai sur les prétentions intellectuelles qui servent de fil rouge aux jardins tant elles sont forcées, vulgaires et ennuyeuses (le minéral, le végétal, la conscience … on baille d’ennui)

Dans les style XVIIe buffet d’eau et grenouilles dorées. Dans le style chinois, pagode, qui fait assez pacotille pour dire le vrai.

Les références romaines sont bien là : un théâtre de verdure et surtout un temple au bord d’un bassin où s’entassent des antiquités chinées sans doute en Italie.

On cherche désespérément quelque chose qui ressemblerait à une création contemporaine : tout n’est que copie, pastiche, d’un goût que personne n’est obligé de partager tant il accumule de surcharge et de manière. A visiter tout cela, on pense au Ludwig de Visconti quand Sissi – Romy Schneider –  éclate d’un rire nerveux en voyant la galerie de Herrenschiemsee…

Pourtant, c’est ce type de pastiche – que je trouve personnellement raté, mais c’est une affaire de goût – qui révèle toute la valeur et la subtilité des créations de LeNotre : le raffinement des jeux de perspectives, de terrasses, d’effets d’optique. LeNotre parle à l’intelligence pas au porte monnaie : merci à Jacques Garcia de nous permettre de nous en souvenir aussi agréablement, car la promenade néanmoins se laisse goûter; merci à lui de nous pousser à revoir Vaux, Versailles, Chantilly, Sceaux …