Traces du sacré

Alors que la rétrospective Louise Bourgeois reste d’actualité, Le Centre Pompidou présente « Traces du sacré », une exposition dont le titre donne la teneur : l’art contemporain entretient-il un rapport au sacré ? Et comment …

Une telle exposition thématique est toujours délicate. On lui reprochera son découpage qui peut paraître arbitraire. Vingt deux chapitres, des « dieux enfouis » à « l’ombre de Dieu » en passant par les « sacrifices », « l’Eden » ou « l’apocalypse »… On pourra critiquer le choix des œuvres et évidemment regretter les manques. On pourra enfin estimer le propos déplacé ou hors contexte – bref sans objet – à l’heure où l’art est aussi une marchandise et où communiquer pour vendre peut paraître l’essentiel. Nous sommes peu ouverts aux silences pas plus qu’à la méditation, trop effrayés de nous mêmes, sans doute.

Alors oui, on se promène plus qu’on ne suit le parcourt. Alors oui, les cartels sont peu lisibles. Mais oui, il s’agit d’une très grande exposition dans laquelle il me semble impossible qu’aucune oeuvre, aucune thématique, ne suscite chez l’observateur pressé voire mercantile un moment même fugitif qui révèle la trace de sacré qui lui appartient.

Chacun sa part … en ce qui me concerne et pour cette visite – car il y en aura sûrement d’autres -, Kandinsky, Komposition VI (1913); Catellan, Him (2001); Monk, Sentence Removed (Emphasis Remains) (2000) entre autres. La première œuvre car elle me semble une porte lumineuse vers …; la seconde car elle abolit l’innocence et la culpabilité, bien et mal dans une ambivalence provocatrice et violente; la dernière parce qu’elle résume l’instant présent : le verbe a déserté mais le geste, la forme, la surface demeure, comme une pirouette qui en vidant l’œuvre de Naumannn de ses mots en appui l’importance.

Le sacré, en traces, est bien présent: remarquable.